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La Biélorussie, pays à la liberté déjà bien surveillée en matière d'information, a encore renforcé le contrôle d'Internet, avec de nouvelles sanctions visant à la fois le contrôle de l'identité des Internautes et la restriction des sites étrangers. Des mesures qui entreront en vigueur dès vendredi 6 janvier dans ce pays d'Europe de l'Est.
Les sociétés n'ayant pas enregistré leur site en Biélarussie et les fournisseurs d'accès n'ayant pas identifié leurs clients seront désormais passibles d'amende, jusqu'à près d'un million de roubles biélorusses (environ 96 euros), selon l'agence Belta. Les fournisseurs devront ainsi, dans tous les lieux d'accès collectif à Internet les cybercafés comme les immeubles en copropriété identifier leurs clients et les services octroyés, afin que ces informations puissent être remises si nécessaire à la police ou à d'autres structures étatiques.
Le texte oblige aussi tous les sites de commerce en ligne biélarusses à s'enregistrer dans le pays, et donc à recevoir des adresses se terminant en .by (référence du Bélarus). Actuellement, les entrepreneurs biélorusses sont souvent enregistrés avec des noms de domaines en .com, .biz ou .ru pour augmenter le nombre de leurs clients et réduire les coûts.
DÉCLINER SON IDENTITÉ
Ces mesures font suite à un décret sur Internet du président Alexandre Loukachenko datant du 1er février 2010, qui avait provoqué l'indignation de journalistes et d'opposants, dénonçant une tentative d'établir un "contrôle total sur l'information". "Il établit notamment un contrôle étendu des contenus sur Internet et encadre les possibilités d'accès au réseau", explique l'association Reporters sans frontières (RSF).
Entre autres mesures comprises dans ce décret, les fournisseurs d'accès Internet doivent s'enregistrer auprès du ministère de la communication. Tout usager surfant d'un cybercafé ou utilisant des connexions partagées devra décliner son identité. Chaque connexion sera aussi enregistrée et conservée pendant un an. "Le décret prévoit enfin la création d'un centre opérationnel et analytique (OAC) rattaché à la présidence, chargé de surveiller tout contenu avant diffusion sur Internet. Cette mesure institue clairement une censure au sommet de l'Etat", explique RSF.
DES MÉDIAS MUSELÉS
La plupart des journaux non étatiques ont mis la clé sous la porte en Biélorussie, et il n'existe ni radio ni chaîne de télévision indépendantes dans le pays. Pour les 46,2 % des Biélorusses qui l'utilisent, Internet est ainsi devenu une source majeure d'informations indépendantes.
Selon RSF, la censure touche de nombreux sites selon divers critères pornographie, trafic d'armes, drogues, etc. mais aussi "extrémisme". Un critère assez vague pour inclure plusieurs sites d'opposition selon RSF. Sont déjà interdits par exemple Charter97, Belaruspartisan, ou le blog de l'humoriste Yauhen Lipkovich.
La Biélarussie fait partie de la liste des pays sous surveillance établie par Reporters sans frontières dans son rapport annuel des "Ennemis d'Internet" (PDF), et se situe à la 154e place sur 178 pays dans le classement 2010 de la liberté de la presse.
Le Monde.fr