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La condamnation de l'opposante Ioulia Timochenko à sept ans de prison, le 11 octobre, mais surtout le peu d'entrain du président Viktor Ianoukovitch à empêcher l'exécution de cette peine, semblent confirmer le glissement du régime ukrainien depuis dix-huit mois. Un glissement qui ne va guère dans le sens de l'Union européenne et de ses normes.
Même si l'hypothèse d'une amnistie ou d'un artifice législatif est toujours possible pour éviter la prison, le régime a décidé d'aller au bout de son règlement de comptes. Condamnée pour avoir outrepassé ses fonctions depremier ministre en signant les accords gaziers de janvier 2009 avec la Russie, Ioulia Timochenko a aussi été inculpée pour tentative de détournement de fonds publics, sur des faits remontant à 1995. Deux autres enquêtes la visent encore.
Plus les critiques internationales abondent, et plus les autorités ukrainiennes s'entêtent. Elles refusent "l'oukase européen" et ne pensent qu'à démontrer la corruption supposée de Mme Timochenko. Or, quelles que soient les pièces présentées, elles seront négligées, car la justice n'offre pas les garanties d'un Etat de droit.
L'incarcération de Ioulia Timochenko début août, un mois après l'ouverture de son procès, n'était pas programmée. Certains, à la présidence et dans le Parti des Régions, anticipaient l'impact désastreux à l'étranger. Il ne faut pas négliger, dans l'attitude du pouvoir, la part d'improvisation, de myopie géostratégique et de vengeance. Pas plus que la personnalité de M.Ianoukovitch. Imprégné de culture soviétique, il se pose en Européen comme Monsieur Jourdain, dans Le Bourgeois gentilhomme, faisait de la prose : sans savoir ce que cela signifie. Et en quoi cela l'oblige.
En Russie, la persécution judiciaire contre l'ex-patron du groupe Ioukos, Mikhaïl Khodorkovski, avait deux intérêts pour le pouvoir : dépecer son empire ; l'utiliser comme épouvantail contre les autres milliardaires, pour les rendre dociles. Situation autre en Ukraine : les méthodes employées contre l'ancienne égérie de la "révolution orange" sont contre-productives.
Son incarcération offre à Mme Timochenko une nouvelle légitimité, alors qu'elle était très impopulaire. En outre, cet acharnement réveille Américains et Européens, qui s'étaient désintéressés de l'Ukraine, livrée aux guerres intestines entre forces orangistes. Les protestations avaient été faibles lorsque M. Ianoukovitch avait imposé, à l'automne 2010, une présidentialisation du régime, en changeant la Constitution de façon cavalière.
Ayant réalisé la performance d'irriter à la fois Bruxelles et Moscou, le président ukrainien n'a cessé d'envoyer des signaux contradictoires. Sa boussole : les intérêts économiques, et non les alliances géopolitiques. Sa doctrine : le non-alignement. Mais la division traditionnelle de l'Ukraine entre Ouest proeuropéen et Est russophone ne peut être dupliquée en politique étrangère. Le pays doit choisir.
En avril 2010, le président ukrainien a signé avec Dmitri Medvedev un accord prévoyant la reconduction du bail de la flotte russe à Sébastopol jusqu'en 2042. En échange, M. Ianoukovitch réclamait une révision à la baisse du prix du gaz. Mais Moscou, contrairement à Kiev, voit cette facture comme un outil, et non une fin ; une façon d'attirer l'Ukraine dans sa sphère d'influence, en attendant peut-être la réalisation du projet de Vladimir Poutine, l'Union eurasienne. La première étape consiste à convaincre M. Ianoukovitch de rejoindre l'union douanière, constituée avec la Biélorussie et le Kazakhstan. Or, l'Ukraine s'y refuse, même si la Russie est son premier partenaire économique ; elle n'envisage qu'un lien privilégié avec cette union, composée de pays qui n'ont pas rejoint l'Organisation mondiale du commerce (OMC), contrairement à elle.
Viktor Ianoukovitch joue la montre en attendant le succès de son chantage sur l'Europe. Malgré le report de sa visite à Bruxelles par la Commission, le 20 octobre, Kiev estime que l'UE paraphera en décembre, comme prévu, l'accord d'association. Les difficultés débuteront ensuite, lors de la ratification par les Vingt-Sept. Mais M.Ianoukovitch pourra revendiquer le premier document contractuel avec l'UE.
Les pays européens sont divisés. La Pologne et les pays baltes militent en faveur de la signature, pour ne pas perdre l'Ukraine. La France et surtout l'Allemagne, bien plus critiques, veulent des garanties, notamment sur le sort de Mme Timochenko. Secrètement, vu la crise économique, personne n'est pressé d'ouvrir le marché du travail européen, à terme, aux Ukrainiens.
Les réserves de ces pays irritent Kiev, aux menaces à peine voilées. Si l'accord d'association n'était pas signé, l'Ukraine en tirerait les conclusions en se tournant vers l'Est. Un conseiller de Viktor Ianoukovitch résume brutalement la situation. "La Russie nous dit : faites ce que vous voulez, mais rentrez dans notre orbite. Ils veulent une réorientation complète de notre politique. L'Europe, elle, nous parle de principes. C'est pourquoi elle est perdante dans l'espace post-soviétique. De toute façon, elle n'y a jamais eu beaucoup d'ambitions et a peu à proposer."
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Article paru dans l'édition du 29.10.11