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MERCREDI 9 NOVEMBRE, 12H. SALLE DE PRESSE DE LA COMMISSION EUROPÉENNE, BÂTIMENT BERLAYMONT.
L'ambiance est détendue, et les conversations vont bon train. Philippe Ricard, correspondant du Monde à Bruxelles, hèle un de ses collègues de France 2,
À Bruxelles, la crise de la zone euro occupe tous les esprits. "Si au départ il y a eu beaucoup de battage médiatique concernant la création du SEAE, la crise a complètement évacué la question. Depuis six mois, je n'ai quasiment pas eu le temps d' écrire une ligne sur le sujet !", explique Philippe Ricard. Malgré les nombreuses critiques émises à l'égard de ce nouveau service et de sa représentante, le SEAE est pourtant parvenu, en moins d'un an et avec des moyens très limités, à assurer les bases de son fonctionnement, non sans certains accrochages.
UN NOUVEL ACRONYME QUI SUSCITE LES CONVOITISES
Créé à la faveur du
Traité de Lisbonne , le SEAE a pour objectif de rassembler , au sein d'une même institution, les différents services de la Commission et du Conseil en charge des affaires extérieures, afin d' évoluer vers l'établissement d'une "politique étrangère commune". La grande majorité des effectifs de la DG RELEX (Commission) et du Secrétariat Général du Conseil (SGC) ont ainsi été automatiquement transférés au sein du SEAE. La question est maintenant de savoir comment parvenir à faire travailler ces nouveaux diplomates européens ensemble, tant l'esprit de corps et les rivalités entre ces deux institutions sont encore sensibles. "Les anciens fonctionnaires du Conseil appréhendent de se retrouver en minorité au sein d'un service dominé par la Commission. En retour, les anciens fonctionnaires de la Commission voient dans le Conseil un obstacle à la construction européenne", avoue un ancien membre du SGC devenu fonctionnaire du SEAE.Cette méfiance réciproque est particulièrement palpable au sein des structures de gestion de crises civiles et militaires du Conseil, désormais placées sous l'autorité du Haut représentant. "Parmi les militaires, beaucoup craignent que la stratégie adoptée par le SEAE ne se limite à une approche uniquement civile de la gestion de crises, en raison de l'influence de l'approche britannique au sein du service et d'une défiance générale des militaires à l'égard des civils", précise
Arnaud Danjean , président de la sous-commission sécurité et défense (SEDE) du Parlement européen. Un sentiment renforcé par l'absence de Catherine Ashton à la rencontre des ministres européens de la Défense avec le Secrétaire général de l'OTAN, le 25 février dernier à Majorque.Outre les fonctionnaires de la Commission et du Conseil, de nombreux diplomates nationaux ont rejoint le SEAE, à Bruxelles ou dans les 137 délégations de l'UE au service de Catherine Ashton. L'objectif étant que ces derniers représentent 1/3 des effectifs à terme. De peur que leur voix ne soit marginalisée au sein de ce nouveau service, les grands Etats membres cherchent à placer leurs pions à des postes clés, au détriment souvent des petits Etats. Lors de la création du service, de nombreuses voix se sont élevées pour dénoncer une surreprésentation des Britanniques. Selon Gaël Veyssière, porte-parole de la Représentation permanente de la France auprès de l'UE, ces critiques seraient infondées : "On a souvent tendance à inclure dans ces calculs les seuls diplomates nationaux. C'est oublier les fonctionnaires européens qui eux aussi représentent, du fait de leur nationalité d'origine, une culture particulière."
Et Catherine Ashton : pour la plupart, ce sont d'anciens fonctionnaires britanniques de la DG Commerce (dont elle était commissaire depuis 2008), la plupart d'entre eux n'ayant aucune compétence en matière de questions internationales."
Jean-Pierre Stroobants , correspondant du Monde à Bruxelles en charge de la zone Benelux, d'ajouter : "La France a joué un très beau coup en parvenant à faire nommer Pierre Vimont au poste clé de secrétaire général exécutif. Diplomate de renom, c'est un fin connaisseur des institutions européennes qui suscite l'admiration générale. Pierre Vimont est sans aucun doute la cheville ouvrière de ce service." Pourtant, un sentiment de méfiance semble persister au sein même du SEAE, comme en témoigne une administratrice du service : "Jetez un coup d'il à la composition du cabinet deUn haut fonctionnaire du SEAE résume la situation ainsi : "Le véritable enjeu est de
parvenir à créer une culture diplomatique commune, un esprit de corps devant assurer la synthèse entre les approches communautaire (Commission) et intergouvernementale (Conseil et Etats membres). Les compétences entre ces deux institutions sont totalement différentes : d'un côté nous avons des techniciens, de l'autre des analystes politiques. Le SEAE doit être le point de rencontre entre ces deux cultures, afin de susciter des synergies et ainsi de doter l'UE d'une véritable approche globale'." À partir de 2012, les fonctionnaires SEAE, qui occupent toujours leurs anciens bureaux à la Commission et au Conseil, déménageront dans de nouveaux locaux, à deux pas de la Commission, ce qui devrait contribuer à faciliter les échanges.REPRÉSENTER,
COORDONNER , SANCTIONNER ET COMMUNIQUEROpérationnel depuis le 1er janvier 2011, le SEAE a dû Catherine Ashton à Tripoli. De l'avis général, ces délégations européennes représentent une avancée positive apportée par le SEAE, comme en témoigne un fonctionnaire ayant participé à la préparation de l'ouverture du bureau de Tripoli : "Auparavant, lorsque nous devions nous rendre sur le terrain, nous étions obligés de faire appel aux services de l'ambassade de l'Etat membre assurant la Présidence tournante de l'Union ce qui posait souvent problème : soit parce que l'Etat membre ne disposait pas de moyens suffisants sur place, soit parce qu'il maintenait de mauvaises relations avec les autorités locales. Depuis que les délégations de l'UE ont été rattachées au SEAE, nous avons énormément gagné en efficacité : d'une part, l'UE bénéficie d'une image globalement positive dans les pays tiers, du fait de sa neutralité ; et d'autre part, le personnel du SEAE, composé à la fois d'anciens membres de la Commission et du Conseil, et de diplomates nationaux, nous apporte une analyse plus globale de la situation sur le terrain."
faire face à un contexte international particulièrement difficile : crise électorale en Côte d'Ivoire, tremblement de terre à Haïti, révolutions arabes, guerre de Libye, échec des pourparlers au Proche-Orient Malgré des débuts difficiles, certaines réalisations sont néanmoins à mettre à son actif. En Libye, par exemple, la prise de contact avec le Conseil National de Transition (CNT) a été rapide, permettant l'ouverture, le 21 mai dernier, d'un bureau de liaison à Benghazi afin de coordonner l'action des Etats membres en faveur des rebelles libyens. Le 13 novembre, une délégation de l'UE a été inaugurée parAutre exemple : au mois de septembre dernier, le SEAE a pris l'initiative, en coopération avec le gouvernement tunisien, de Catherine Ashton.
créer une "Task Force UE-Tunisie" afin notamment de mieux coordonner le soutien européen et international en faveur du gouvernement de transition. Cette "Task Force" réunit les Etats membres et les principales institutions européennes engagées sur place (DG DEVCO, BEI, BERD ), aux côtés de nombreux autres acteurs locaux (ONG, autorités locales) et internationaux (Etats tiers, institutions financières internationales, secteur privé). "Ce concept de Task Force', qui est une grande première, sera bientôt étendu à d'autres pays comme la Libye, la Jordanie C'est l'image de neutralité de l'UE qui lui a permis de s' imposer en tant que coordinateur naturel de l'aide internationale", confie un haut fonctionnaire du SEAE. Le SEAE a également prouvé son efficacité dans le domaine des sanctions, que ce soit en Côte d'Ivoire , en Biélorussie, en Tunisie, en Egypte, en Libye ou en Syrie. Un bureau dédié à cette question a été créé au sein du service. "En la matière, l'UE est beaucoup plus réactive qu'elle ne l'était auparavant", explique Michael Mann , l'un des porte-parole dePourtant, le service continue de Catherine Ashton pour sa mission et ses apparitions occasionnelles en conférence de presse, la publication de communiqués parallèles entretient la confusion sur la répartition des rôles entre la Commission, le Conseil et le SEAE. Une administratrice pointe du doigt le manque de moyens consacrés au service de communication du SEAE "composé uniquement de trois porte-paroles et de cinq personnels administratifs, complètement déconnectés du cabinet d'Ashton ! Il suffit de parcourir le site Internet du service pour comprendre que la communication est loin d' être une priorité pour le SEAE À cela s'ajoute une absence totale de moyens de communication au sein des délégations présentes sur le terrain."
pâtir d'une image médiocre auprès de la plupart des médias. En dehors des polémiques suscitées par l'apparent manque d'implication deÉLÉMENTS DE PERSPECTIVES
Globalement, la phase de rodage de cette nouvelle machine européenne semble
arriver à son terme. "La tâche de départ était gigantesque, et les temps impartis extrêmement limités. Aujourd'hui, les étapes administratives, financières et juridiques pour la mise en place du service ont été accomplies, ce qui était loin d' être évident au départ, précise un administrateur du service. De plus, il semble que le mélange des cultures est en train de prendre ." De l'avis d'un haut fonctionnaire du service, la création d'une unité de réponse aux crises et de coordination opérationnelle a beaucoup joué dans ce sens, en permettant l'organisation de réunions régulières entre les différents services du SEAE et les représentants des DG ECHO et DEVCO : "La Commission commence à comprendre l'intérêt de collaborer avec le SEAE, qui bénéficie de moyens sur le terrain ainsi que d'une capacité d'expertise globale. Cela prendra encore du temps, mais je suis confiant." Peu à peu, les réunions entre les deux institutions s'élargissent à d'autres domaines, comme la sécurité énergétique (DG Energie) ou la sécurité intérieure (DG JUST).Reste la question de la volonté politique des Etats membres, notamment concernant les moyens militaires de gestion de crises de l'UE. "La crise libyenne a malheureusement accentué l'orientation actuelle du SEAE vers un non-engagement en matière de défense, alors qu'elle aurait dû au contraire l'
inciter à réévaluer la pertinence de cette approche, déplore un administrateur du service. D'autant que l'UE a un véritable rôle à jouer dans ce domaine : à la différence de l'OTAN, elle est capable d' engager des moyens aussi bien militaires que civils et désormais diplomatiques."La création du SEAE n'a pas non plus apporté de solution au manque d'unité des Etats membres, qui continuent d'
afficher leurs divergences sur des dossiers pourtant essentiels comme le processus de paix au Proche-Orient ou les relations avec la Russie et la Chine. "Le SEAE est une manuvre de diversion, estime Pierre Defraigne, ancien haut fonctionnaire de la Commission et actuel directeur de la Fondation Madariaga du Collège d'Europe. Quelle est la portée de cet effort de faire fonctionner ensemble deux bureaucraties s'il n'y a pas derrière un pouvoir politique fort ? S'il s'agit d'un nouvel instrument, la question est de savoir qui est aux commandes, et pour quoi faire ? Or, le traité ne répond pas à ces questions. Fondamentalement, il ne donne pas de moyens d'action nouveaux à l'Europe, que ce soit en matière de politique étrangère et de sécurité commune comme en matière de défense."Tout dépendra donc du niveau d'ambition que les Etats membres et la Commission accorderont à ce nouveau service. A minima, le SEAE pourra
maintenir son rôle de coordinateur, avec un engagement ponctuel mais limité sur certains dossiers internationaux. La structure actuelle du service devrait également se renforcer . Le SEAE pourrait à ce titre bénéficier de la crise économique et financière actuelle. La question de la pertinence d'un maintien des 27 représentations européennes dans certaines capitales étrangères mérite en tout cas d' être posée, et pourrait justifier l'élargissement progressif des compétences et des moyens du SEAE.Ce qui est certain, c'est qu'il n'y aura pas de véritable "politique étrangère commune" sans une redéfinition du projet interne que l'Union souhaite
porter à l'extérieur, de même que l'"action extérieure" de l'UE ne saurait véritablement peser sans une approche globale, aussi bien civile que militaire. Reste à savoir si c'est bien ce projet-là que les Européens souhaitent porter .Antoine Lury , diplômé de l' Institut d'Etudes Politiques (IEP) de Lille. Il est le président fondateur du "Jeu de l'Oie", revue semestrielle consacrée au décryptage des relations internationales.
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