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Le Monde -
"Je suis un survivant du ghetto de Bialystok précisément, selon les statistiques d'après-guerre, je dois me trouver parmi les 26 survivants sur 50 à 60 000 Juifs de Bialystok anéantis. Il se peut que je sois maintenant parmi les tout derniers, ou le dernier survivant, en quelque sorte un survivant parmi quelques autres de mon propre peuple." Ainsi se présentait le peintre et graveur Isaac Celnikier dans un bref texte autobiographique. Ce survivant est mort le 11 novembre 2011 à Ivry sur Seine.
Isaac Celnikier naît à Varsovie en 1923. Fuyant l'avancée des armées du III° Reich en Pologne en septembre 1939, il quitte sa ville natale pour celle de Bialystok. La ville étant conquise par la Wehrmacht aux premiers jours de l'invasion de l'URSS, de 1941 à 1943, il est enfermé dans le ghetto où la population juive est rassemblée. Quand les troupes nazies en entreprennent l'extermination en juin 1943, il échappe aux exécutions massives, mais ni à l'emprisonnement à Grodno (Biélorussie) puis à Lomza (Pologne), ni à la déportation au camp du Struthof, en Alsace, jusqu'en décembre 1943.
Contre toute logique
Il est ensuite transféré à Birkenau, puis à Auschwitz, à l'usine de caoutchouc artificiel de Buna-IG-Farben (Auschwitz III), dirigée par des ingénieurs d'IG-Farben et la SS. En janvier et février 1945, il fait partie des survivants déplacés vers Sachsenhausen dans ce que l'on appelle les "transports de la mort", puis en avril, vers Dachau. Lors d'une attaque aérienne, le SS qui surveille le wagon où il se trouve est tué. Retrouvé blessé et épuisé par des soldats américains, Celnikier sera arrêté à nouveau, par les troupes soviétiques, et enfermé dans le camp de Sumperk, en Moravie, dont il parvient à s'évader.
A Prague, où il se rend, il commence des études d'art monumental auprès d'Emile Filla (1882-1953), l'un des grandes figures de la modernité tchèque, passé par le cubisme et à proximité du surréalisme et comme lui un survivant des camps. En 1952, Celnikier revient à Varsovie et y fonde le groupe Arsenal. Son art a d'ores et déjà, à cette date, sa manière, ses références et son sujet central : l'extermination des Juifs, à laquelle il a échappé contre toute logique.
Représenter l'irreprésentable
Les références, ce sont Rembrandt et Goya, décisifs plus tard dans sa pratique de la gravure, et l'ensemble de la culture expressionniste des années 1910 aux années 30. Le dessin sera donc tendu, la ligne cassée, les angles vifs ; la couleur sombre, rongée par les bruns et les noirs, éteinte dans par un clair obscur ténébreux traversé de peu de trouées de lumière. Il en est ainsi quand Celnikier expose sa toile Ghetto à Varsovie en 1955.
Etabli en France à partir de 1957, l'artiste y demeure attaché à la tentative de la représentation de l'irreprésentable. Elle domine sa peinture, quand bien même il pratique aussi le nu, le paysage et, avec une force résolue, le portrait. Elle est partout dans sa gravure, dans les 24 eaux fortes et aquatintes de la suite La mémoire gravée comme dans les estampes dans lesquelles, jusque dans ses dernières années, il inscrit par le noir les traces de ce qu'il a dû voir et subir.
Longtemps méconnu dans le pays où il avait décidé de vivre, Celnikier a fait l'objet de nombreuses expositions en Pologne après 1989, à Varsovie en 1993, à Cracovie en 2005 et 2006, mais aussi en République Tchèque à Terezin en 1995. En France, après les musées de Toulouse en 1991 et de Montpellier en 1992, le Musée d'Art et d'Histoire du Judaïsme lui a consacré une rétrospective en 2007. En 1993, Isaac Celnikier avait reçu le Prix Mémoire de la Shoah.
Voir le site de l'artiste.
Philippe Dagen